Le pélerinage

Le pèlerinage : le hajj, Hagar et l’hégire

Entre la fête juive des Tentes (Sukkot) et le Hajj il y a une correspondance totale. Soukkot était, à l’époque du temple de Jérusalem, l’occasion de la cérémonie de la libation d’eau, au cours de laquelle de l’eau, puisée à la source de Gihon, était versée sur l’autel, afin d’obtenir la grâce divine pour les pluies. Il y a donc correspondance avec les libations de Zamzam. Deux pèlerinages des tribus Arabes ont été mixés : l’un de demande de pluie, le hajj qui est une course mimant la course de l’astre solaire en vue de solliciter la pluie clémente, l’autre de sacrifice, l’umra qui est la visite à la pierre et le sacrifice de la chamelle à la puissance tutélaire du lieu sacré haram.

« Hagar n’est pas présente en tant que telle dans le Coran, mais elle l’est par son représentant, la racine hjr de l’émigration, en réalité de la conversion. L’hégire est assurément le fait fondateur de l’Islam, mais il ne s’agirait pas tant de la fuite de Mohamed que de la conversion des païens. Le récit originaire de l’Islam serait plutôt à lire dans le rituel du pèlerinage musulman. Le cycle d’allers-retours (sept tours) entre Safa et Marwa, signifierait l’effort de Hagar pour trouver de l’eau (la loi) en plein désert (l’idolâtrie). La recherche d’eau de Hagar signifierait sa quête de la Loi. Comme dans le Seder pascal juif, le Musulman rejoue dans son pèlerinage la scène primitive de l’Islam : il doit montrer qu’il renonce à Satan (l’idolâtrie) en le lapidant, faire preuve de ténacité comme Hagar, et boire leau du puits de Zenzem qui symbolise la Loi. Si Hagar, malgré l’hostilité de sa maitresse, fait preuve d’une foi pure et exemplaire, c’est que les païens peuvent maintenant entrer.      Ils sont maintenant à l’intérieur et les Juifs à l’extérieur. Les « muhajirun » sont les vrais héritiers de la promesse.

Le terme hijra est souvent rendu par « émigration ». Les « muhajirun » seraient ceux qui ont « émigré » avec le Prophète. On trouve par exemple en 9 :20 ce verset où il est question de ceux qui ont cru, ont émigré et ont combattu sur le sentier d’Allah. En 16, 41 il est encore question de ceux qui ont émigré pour Allah. Mais en certaines occurrences le rendu par émigration parait quelque peu forcé. Ainsi en 29 :26 où Lot dit : « me voici muhajirun vers mon Seigneur ». Peut-on traduire ici: j’émigre vers mon Seigneur ? Il faudrait traduire : « Je me convertis à mon Seigneur. » Tout le rituel du hajj (pèlerinage) reproduit l’errance d’Agar pour trouver l’eau de son fils. Quant à Abraham, il est à la fois le premier émigrant, il a « vraiment » quitté son pays, et le premier prosélyte. Les « émigrés » sur le chemin d’Allah seraient donc plutôt les prosélytes d’Allah.» (Leila Qadr – les 3 visages du coran)

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