Mohamed était contemporain du mérovingien Dagobert, et l’occident doit s’organiser rapidement sous l’impulsion première de Charles Martel, qui pose les bases de l’empire de Charlemagne (768-814). Les dynasties turques d’origine mongoles (seldjoukides puis ottomans) s’imposent au XIème siècle ; plus rigoureux que leurs prédécesseurs arabes, ils interdisent l’accès des lieux saints aux chrétiens. Huit croisades s’échelonnent alors de 1095 à 1270, pour soutenir l’empire byzantin menacé, et redonner l’accès aux lieux saints. Jérusalem est prise en 1099 et 4 états latins sont formés à Edesse, Antioche, Tripoli et Jérusalem. Puis on assiste à une succession de flux et de reflux, parfois par de simples traités. Jérusalem est définitivement reprise par les musulmans en 1248.
Constantinople tombe en 1453, les ottomans entrent en Europe par l’est et prennent la Serbie (1459) les Balkans, la Grèce, la bohème, la Hongrie (1526). Vienne est assiégé en 1526, Moscou est incendié en 1571.
Ces guerres incessantes ([1]) sont précédées, accompagnées et suivies de razzias, fournisseuses d’esclaves, que ce soit sur toutes les cotes de la méditerranée, dans le Caucase et la Slavonie (en arabe le pays des esclaves, bilād aṣ-ṣaqāliba), les balkans, le sud du Sahara : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad ou la côte est de l’Afrique : Nubie, Soudan (le pays des noirs : bilād as-sūdūn[ ), Somalie, Kenya, Tanzanie. Pour éviter toute descendance, la castration des hommes était pratiquée systématiquement par les pourvoyeurs, opération ayant un taux de mortalité voisin de 70% en particulier pour les enfants.
En Europe, qui a subi une occupation partielle pendant les débuts de l’Islam, les principaux camps de castration se trouvaient dans des zones situées dans la Corse actuelle, (pour les hommes capturés du VIle au Xe siècle dans le Sud de la France), en Italie (pour les esclaves d’Europe du Nord), et à Prague (pour ceux d’Europe orientale). Quand ces lieux ont dû être abandonnés en raison des reconquêtes européennes successives, c’est au Caire qu’a été installé le principal camp de castration des prisonniers européens. Un choix effectué pour des raisons « pratiques » : le grand port sur le Nil était utilisé comme terminal des convois maritimes transportant les esclaves’. Pour les Noirs, la castration était réalisée peu après la capture, au début du transport. (Jean Jacques Walter – les 2 islams)
2 esclaves sur 3 étaient des femmes, asservis sexuellement dans les harems ([2]), et dont les enfants ont tous mystérieusement disparus en bas âge! De l’ordre de 20 millions d’africains ont été réduits en esclavage.
Mais Christiane Taubira, appliquant à la fois le principe du deux poids deux mesures et celui du privilège blanc, nous explique dans l’Express du 4 mai 2006, qu’il ne faut pas trop évoquer la traite arabo-musulmane, afin que les « jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes ».
Le déclin
La victoire navale de la sainte ligue à Lepante en 1663 et un nouvel échec devant Vienne en 1683 marque la fin de la conquête de l’Europe par l’est, et le début de la décadence turque. Les velléités d’indépendance des sultans (Mehemet Ali en Egypte) permettent l’éclosion des différentes nations arabes indépendantes, jusqu’à la prise du pouvoir par Mustapha Kémal en 1923 qui fondera l’état turc, temporairement laïc. La France et l’Angleterre s’inquiètent des manœuvres russes et autrichiennes sur les populations chrétiennes des provinces turques frontalières et défendent le principe de l’intégrité du territoire de l’empire turc. Pour éviter les révoltes soutenues par l’Autriche et la Russie, et ôter tout prétexte d’intervention et de répression, l’Europe demande au sultan l’introduction de réformes pour abolir les abus et les discriminations. Catherine de Russie reprend l’Ukraine et la Crimée en 1782. La Grèce se libère entre 1822 et 1832, la Serbie en 1878. Les réfugiés musulmans fuyant les provinces qui s’émancipent sont réinstallés sur quelques points faibles de l’empire : les balkanais s’installent en Arménie, les réfugiés de Crimée, Caucase, Turkestan s’installent dans le Golan, le Liban et la Palestine, les bosniaques en Macédoine et en Palestine.
Dans le monde musulman, il y a de moins en moins d’autres non musulmans, juifs et chrétiens, donc moins d’impôts, et surtout moins d’exemples du mal, et donc moins de ressort idéologique, et le combat messianique se reporte sur les « mauvais » musulmans.
Mais l’islam échoue toujours, aujourd’hui comme hier, à apporter aux hommes le bien absolu, à faire advenir la société parfaite d’où le mal aurait été expulsé. Au XIXème siècle, la colonisation par les nations européennes signifie l’échec complet de l’islam traditionnel, le précipitant dans la décadence, l’humiliation et la soumission à l’occident, permettant même la diffusion des idées des lumières et la formation des élites à ces valeurs occidentales d’égalité et de laïcité, ce qui marque un bouleversement total, qui paradoxalement ramène une nouvelle figure du mal contre laquelle combattre car il est difficile pour un bon croyant de ne pas attribuer cet échec à de nouvelles corruptions de l’islam, à sa mauvaise application, à l’abandon en route du « vrai islam » dont lui, « vrai musulman » aurait la clé.
Le futur imam de Bordeaux, Tarek Oubrou, dans une de ses conférences sur Hassan al Banna explique que « L’école de hassan al Banna, les frère musulmans, sont apparus dans un contexte et une situation très critique, sans précédent dans l’histoire de l’islam. C’est la première fois que les musulmans se trouvent sans califat, c’est le symbole de la réunion et de l’union de toute la communauté, c’est le symbole de la force des musulmans. Le 2 mars 1924 la califat est déclaré aboli par Mustapha Kemal, connu sous le nom de Atatürk, c’est-à-dire le père des turcs, qui est un juif d’origine et s’est déguisé en musulman. La oumma se trouve alors dans une situation illégale, je dirai même dans une position de péché, car le califat est une obligation et la réunion des musulmans autour de ce calife est une obligation. Tant que les musulmans ne sont pas réunis autour du califat il sont des pécheurs, sauf ceux qui œuvrent pour instaurer ce califat. »
D’après les hadiths de Sijistani, Mohamed a prédit que « Cette communauté se divisera en 73 sectes, 72 d’entre-elles iront en enfer et une seule ira au Paradis et ce sera la majorité. » (Sunan abu-Dawud, vol. 3, no. 4580.) et le savant Dr. Fadl (Sayyed Imam al-Sharif) explique à propos de cette seule secte sauvée (at-Ta’ifa al-Mansura) « Le devoir le plus important de…[la Secte Sauvée] de notre époque, c’est d’engager le jihad contre les régnants apostats qui ont modifié la loi d’Allah, et qui gouvernent les musulmans avec des lois hérétiques d’origine humaine…. les salafistes-jihadistes sont at-Ta’ifa al-Mansura : ils ont promis la victoire contre leurs ennemis et les ennemis de l’islam. », et en effet « il y a ceux qui ordonnent le bien et qui interdisent le mal » [al-Wala wal-Bara] et qui croient avoir le droit divin de juger le niveau d’observance des autres, mauvais musulmans (takfir) ou mécréants, qu’il convient de combattre.
La renaissance islamique
Elle est initiée par Hassan al Banna, fondateur des « frères musulmans ». Il expose ses vues dans sa « lettres aux jeunes» en 1936 :
« Nous voulons rassembler toutes les parties de la patrie islamique, que la politique occidentale s’est évertuée à séparer, et que les convoitises européennes ont égaré et enfermé à l’intérieur de frontières. Nous rejetons donc tous ces accords internationaux qui transforment cette patrie islamique en un ensemble de petits pouvoirs, faibles et déchirés, dont l’absorption sera très simple pour tous ceux qui voudront usurper leurs droits. Et nous ne nous tairons pas devant l’entrave faite aux libertés de ces peuples, que des tiers ont accaparées injustement. Donc l’Egypte, la Syrie, le Hedjaz, le Yémen, la Tripolitaine, la Tunisie, l’Algérie, Marrakech, et tout empan de terre où il y a un musulman qui prononce « Il n’y a pas de divinité si ce n’est Dieu lui-même », tout cela constitue notre grande patrie, que nous nous efforcerons de libérer, de soustraire à cette emprise, de délivrer de cette tyrannie, et d’en rassembler l’ensemble des parties. […]
Nous voulons, ensuite, que le drapeau de l’Islam flotte de nouveau au vent et bien haut, dans toutes les contrées qui ont eu la chance d’accueillir l’Islam pendant un certain temps, et où la voix du muezzin a retenti par les takbirs [cri de guerre « Dieu est le plus grand »] et les tahlils [cri de profession de foi]. Puis la malchance a voulu que les lumières de l’Islam se retirent de ces contrées, qui sont retombées dans la mécréance. Donc l’Andalousie, la Sicile, les Balkans, les côtes italiennes ainsi que les îles méditerranéennes sont toutes des colonies méditerranéennes musulmanes, et il faut qu’elles reviennent au sein de l’Islam. […]
Il est de notre droit de reconstruire l’Empire Islamique, qui s’est établi par la justice et l’égalité, et qui a répandu la lumière de la guidée parmi les gens.
Nous voulons, après cela et avec cela, exposer notre message islamique au monde entier, atteindre les gens dans leur totalité, répandre à tous les horizons terrestres, et y soumettre tous les tyrans » jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de désordre, et que la religion soit entièrement vouée à Dieu « . » (Cité par Joachim Véliocas dans « les frères musulmans dans le texte » – voir aussi notre page les frères musulmans).
Cette réforme engagée donc pour la meilleure communauté par les salafistes et les frères musulmans consiste à expliquer que si l’islam a échoué, comme c’est toujours la solution, c’est qu’il a été mal appliqué, et pour reprendre le dessus sur les méchants il faut revenir à l’islam fantasmé des premiers jours, et chacun de rechercher le vrai islam en remettant en cause son voisin. Ce retour à l’orthodoxie islamiste passe par l’affirmation de la perversion de l’Occident manipulateur et impérialiste et le rejet des valeurs et lois étrangères à l’islam, le fanatisme des masses provoquant alors des représailles sanglantes. C’est ainsi que les kémalistes, le shah d’Iran, Anouar el Sadate, Moubarak, ben Ali, Kadhafi furent désignés comme ennemis de l’islam, les frères musulmans prenant peu à peu le pouvoir dans les pays musulmans ([3]).
Au XXIème siècle, par les recherches historiques, la vérité se fait sur les origines de l’islam. Le rêve est mis à l’épreuve car chacun a accès par soi-même aux textes, et on peut voir l’islam en action, ses fruits sont maintenant rapidement connues de tous, et chacun peut constater ce que sont les commandements du coran. D’où un rejet croissant dans le monde, et en particulier dans le monde musulman. D’autant que 14 siècles après la naissance de l’islam qui a soi-disant apporté l’intelligence et la lumière à l’humanité, comment se fait-il que la majorité des pays musulmans sont toujours parmi les plus défavorisés de la planète, et qu’on y dénombre le plus grand pourcentage de personnes illettrées, misérables et affamées au point qu’au risque de leur vie elles fuient leur propre pays.
Le coran étant la parole même de Dieu, contenant l’intégralité des vérités, le « réformisme » musulman s’est toujours limité à condamner les pratiques actuelles, déviantes, pour revenir aux pratiques anciennes, ainsi c’est l’islam de Mahomet que veulent pratiquer scrupuleusement et fidèlement les musulmans qui revendiquent, citations à l’appui, respecter le mieux le coran en en faisant une interprétation à la lettre, non modérée : le Hamas, le hezbollah, Daëch, Ennahdha, al Qaïda, Ansar Charia, les Talibans, Boko Haram, les Frères musulmans, les wahhabites, les salafistes, les shebabs, …
Outre ces organisations explicitement radicales, les écoles et courants de l’islam se répartissent en sunnisme (hanafisme, malikisme, shaféisme, hanbalisme, ahmadisme), Chïsme (ismaélisme, alaouisme, kurdes, druzes, alévisme, jafarisme, zaïdisme), kharidjisme (ibadisme) et soufisme. Ecoutez la parabole, racontée par Mohamed Louizi, de ce marchand de kébab qui s’installe seul dans une rue. Son affaire tourne bien. Puis il craint l’installation de la concurrence et la perte de la moitié de son chiffre d’affaires. Il décide donc de créer sa propre concurrence : il ouvre à côté un deuxième kebab, sous un autre nom. L’islam a bien compris cette leçon.
A consommer avec modération
Les chiites ont un début de hiérarchie : les mollahs, hodjatoleslams et ayatollah alors que les sunnites n’ont qu’un imam pour mener la prière et des oulémas ««savants de l’islam ». Les chiites acceptent que les mollahs fassent entrer la raison pour interpréter la loi religieuse et pratiquent donc l’ijtihâd, à savoir la clarification d’un problème pratique dû à l’application de la charia, pour en déduire des législations adaptées alors que pour les sunnites les chemins de l’interprétation par l’ijtihâd sont fermés depuis le XIème siècle et ils veulent suivre les textes à la lettre. Les chiites reconnaissent la grandeur de leur passé préislamique persan, et cela est une abomination pour les sunnites. Les chiites attendent la venue du 12ème imam pour prendre le pouvoir politique et coopérer avec lui à la guerre apocalyptique alors que les sunnites justifient dès aujourd’hui l’usage de la violence pour éradiquer le mal sur terre. Enfin, les chiites ne veulent choisir des successeurs à Mohamed que dans sa famille et même parmi ses descendants.
À cette rivalité sunnisme/chiisme se superpose la rivalité souverainisme/islamisme des états nations face au califat et aux associations universalistes (frères musulmans)
Toutes ces écoles se réclament de la fidélité la plus pure au coran, et comment pourraient-elles faire autrement puisque c’est la parole d’Allah, et donc non réformable mais valable en tous temps et en tous lieux, et s’en écarter serait blasphématoire.
Voir notre page : Les phases du djihad
Suite : Le coran
[1] Pour une étude détaillée de la période contemporaine, voir http://www.mosci.info/pdf/L%27occident%20face%20%E0%20l%27islamisme%20militant%20(EssaiRyan27092006.pdf et aussi http://www.mosci.info/pdf/rapport_denece.pdf
[2] L’Afrique subsaharienne a été razziée pendant treize siècles sans interruption. La plupart des millions d’hommes déportés ont disparu du fait des traitements inhumains. Cette douloureuse page de l’histoire des peuples noirs n’est apparemment pas définitivement tournée. La traite négrière a commencé lorsque l’émir et général arabe Abdallah ben Saïd a imposé aux Soudanais un bakht (accord), conclu en 652, les obligeant à livrer annuellement des centaines d’esclaves. La majorité de ces hommes était prélevée sur les populations du Darfour. Et ce fut le point de départ d’une énorme ponction humaine qui devait s’arrêter officiellement au début du XXe siècle (Tidiane n’Diaye). Voir http://www.herodote.net/622_au_XXe_siecle-synthese-12.php. et aussi http://www.youtube.com/watch?v=VN76VOG4jMg , Lire le livre l’esclavage en terre d’islam de … Malek Chebel ! et voir aussi les contes des mille et une nuits… Pour les esclaves blancs en islam, voir http://www.pointsdereperes.com/articles/barbaresques-esclavage-blancs et 1/6 http://www.youtube.com/watch?v=j3KJsF8s4S0,
2/6 : http://www.youtube.com/watch?v=w6bCMJY288g,
3/6 : http://www.youtube.com/watch?v=w6bCMJY288g,
4/6 : http://www.youtube.com/watch?v=r3QRCX7_aWQ,
5/6 : http://www.youtube.com/watch?v=ZW9d4TrQVd0,
6/6 : http://www.youtube.com/watch?v=S4rhYl0DBOY
voir l’histoire de St Vincent de Paul : http://www.dreuz.info/2014/07/saint-vincent-de-paul-et-les-esclavagistes-maghrebins-2/
https://maitrederville.wordpress.com/2010/07/22/listes-desclaves-francais-des-barbaresques/
[3] L’action des frères musulmans : http://www.drmcc.org/IMG/pdf/41e653082a706.pdf
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