Mulai Abd Errachman Ben Heecham, sultan du Maroc répond en 1842 à l’agent et consul général de Sa Majesté britannique Drummond Hay qui le questionne sur les lois concernant l’esclavage
« Au nom de Dieu le Miséricordieux, Il n’y a de puissance et de force qu’en Dieu, le Très-Haut, le Tout-Puissant. À l’employé qui demande attention et sollicitude à nos services chérifiens, Drummond Hay, consul de la nation française [sic] résidant à Tanger, ce qui suit :
Nous avons reçu la lettre que vous avez adressée à notre personne élevée par Dieu, où vous affirmez que le ministre des Affaires étrangères de la reine de votre nation vous a mandaté pour enquêter sur le commerce d’esclaves, et savoir s’il est légal ou non selon notre loi bien-aimée.
Sachez donc que le commerce d’esclaves est un sujet sur lequel toutes les sectes et toutes les nations sont d’accord depuis l’époque des fils d’Adam, que la paix de Dieu soit avec lui, jusqu’à aujourd’hui, et que nous ne connaissons aucune secte dont les lois l’interdisent, et nul n’a à poser ce genre de question, car la chose est manifeste à tous les niveaux et ne réclame pas plus de démonstration que la lumière du jour ; mais s’il y a eu un événement particulier, veuillez nous en informer expressément, afin que notre réponse à la question soit pertinente.
Terminé le 23 doolhadja 1257 (4 février 1842).
Drummond Hayt insiste et l’incite à suivre l’exemple des pays, européens ou musulmans, qui abolissent l’esclavage.
Au nom de Dieu le Miséricordieux ! Il n’y a de force ou de puissance qu’en Dieu le Très-Haut, le Tout-Puissant ! À l’employé qui reçoit de nos services chérifiens diligence et sollicitude, Drummond Hay, consul pour la nation anglaise, résident à Tanger la protégée, ce qui suit :
Nous avons reçu votre lettre expliquant l’objectif du ministre du potentat de votre nation, en référence à son enquête concernant les esclaves, et nous avons pris connaissance des développements de cette affaire ainsi que des frais supportés lors du rachat à leurs maîtres de tous les esclaves de vos possessions ; [nous avons appris] aussi qu’au Soudan et dans d’autres endroits cet exemple avait été suivi. Sachez que la religion de l’islam – que Dieu l’exalte ! – a des fondations solides dont les piliers sont sûrs et que sa perfection a été portée à notre connaissance par Dieu – à qui appartient toute louange – dans son livre Furkan qui n’admet ni ajout ni retranchement.
En ce qui concerne la réduction en esclavage et le commerce des esclaves, ils sont confirmés par notre Livre ainsi que par la Sunna de Notre Prophète, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui – et il n’y a par ailleurs pas de controverses entre les Oolamma sur ce sujet, et nul ne peut permettre ce que la loi interdit ni interdire ce qu’elle permet. Toute innovation contraire [à la loi], quel qu’en soit l’initiateur, sera rejetée, attendu que notre sainte religion n’est pas réglée par les délibérations ou les conseils des hommes, car elle procède de l’inspiration du Seigneur de toutes les créatures, par la voix de notre Pieux Prophète, que la paix et la bénédiction de Dieu soient avec lui !
Terminé le 5 safar 1258 (18 mars 1842).
Cité par Bernard Lewis, Islam
Suite : dhimmis juifs
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